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10/03/2000
 

SOMMAIRE

Lecture du rapport du Colonel Varignault

Une discussion sur l'augmentation du matériel

M. le Commandant Krebs fait la déclaration suivante

Lorsque l'incendie des établissements Godillot a été signalé

 L'INCENDIE DE LA RUE ROCHECHOUART
Comité de perfectionnement
du matériel des Sapeurs-Pompiers de la Ville de Paris
Séance du 5 juillet 1895, Présidence du Préfet Lépine



[...] Lendemain du sinistre qui a si vivement impressionné la population parisienne et plus particulièrement les habitants du IX ème arrondissement. Après l'incendie de l'Opéra-Comique on avait pris de nombreuses précautions contre l'incendie dans les salles de concert ou de théatre. L'incendie de la rue Rochechouart a fait moins de victimes que celui de l'Opéra-Comique.

Le Préfet donne lecture du rapport du Colonel Varignault :

"L'important sinistre qui a terrifié Paris le 1er juillet, est la conséquence forcée de l'insuffisance, déjà si souvent démontrée, des moyens d'action dont disposent les casernes de Sapeurs-Pompiers des arrondissements du centre.

Il y avait près d'un quart d'heure que le feu avait éclaté lorsque le premier signal d'alarme fut transmis à la caserne de Château-Landon par un avertisseur ; il était alors midi 46 mn ; à midi 51 mn, les premiers secours, composés des 4 voitures règlementaires (le départ, la pompe à vapeur, l'échelle et le fourgon) arrivaient sur les lieux du sinistre et trouvaient le grand hall des machines de la maison Godillot enflammé sur 30 m de longueur environ. Ce détachement attaquait aussitôt le feu au moyen de 6 lances, en utilisant deux bouches d'eau de la rue Pétrelle.

À 2h12 mn, M. le Préfet de Police [Lépine] ayant demandé de nouvelles pompes, celles de Port-Royal (5200 m) et de Trocadéro (6500 m) furent envoyées par l'État-Major et arrivèrent à 2h35 et 2h40 mn. À partir de ce moment, l'incendie pût être combattu efficacement. Une 9° pompe fut encore établie un peu plus tard, rue Condorcet ; il n'y avait plus que 3 pompes à vapeur disponibles pour assurer la sécurité du reste de Paris."

[... constructions en bois, vent violent]Les casernes du centre ne possèdent pas plus d'échelles que de pompes à vapeur. Les casernes les plus voisines du sinistre, munies de dévidoirs, ont saigné les conduites sur de nombreux points : la pression de l'eau est devenue insuffisante. L'eau n'a pas manqué, puisque les conduits ont suffi à alimenter 9 pompes à vapeur pendant près de 12 heures, sans que le Service des Eaux ait eu à prendre de dispositions spéciales. [...]

S'engage une discussion sur l'augmentation du matériel :

[...] M. le Major Krebs ajoute à ces observations que le corps étudie en ce moment le moyen de substituer à la traction animale la traction mécanique des engins et qu'il y a lieu de surseoir à des commandes trop nombreuses. Le matériel subira évidemment, d'ici à l'adoption définitive du moteur, des transformations qu'il faut éviter de faire trop nombreuses.

Le traité fait avec l'entrepreneur de la traction animale expire en 1898, il faut d'ici là qu'on arrive à un résultat pratique. L'industrie, ajoute M. le Commandant Krebs, ne construit actuellement que des moteurs de 2 à 3 chevaux. Or c'est une force de 12 à 15 qu'il faut au Corps.

M. le Commandant Krebs fait la déclaration suivante [concernant l'incendie de la rue Rochechouart] :

"Les conduites d'eau de la Ville de Paris permettent, par leur débit et leur pression, d'attaquer un feu avec un nombre de lances variant de 4 à 8, suivant les quartiers, sans qu'il soit nécessaire de relever la pression par des pompes. Mais elles sont impuissantes pour combattre, sans le secours de ces dernières, un incendie important.

Une canalisation capable d'alimenter plus de 8 lances en y maintenant la pression nécessaire pour la projection de l'eau exigerait des conduites d'un diamètre deux à trois fois plus grand et hors de proportion avec les besoins d'alimentation de la Ville.

Les conduites existantes permettent dans la plupart des cas d'éteindre un incendie nécessitant moins de 8 lances sans le secours de pompes à vapeur. Au delà de ce nombre, la pression ne peut projeter l'eau à distance, surtout si l'on s'élève à un 6° étage. Les pompes sont alors nécessaires pour prendre l'eau des conduites et relever le pression.

Le service des Sapeurs-Pompiers est organisé en conséquence. Au 1er appel, une voiture portant des dévidoirs et tout le matériel nécessaire en cas d'imprévu, part immédiatement avec une grande échelle. En outre, une pompe à vapeur et un fourgon viennent de suite en renfort. Si le feu est important, tous les autres renforts envoyés consistent surtout en pompes à vapeur.

Lorsque l'incendie des établissements Godillot a été signalé, la caserne Château-Landon est partie la première avec son départ, son échelle et sa pompe à vapeur. Connaissant l'importance de l'établissemment incendié, le quartier central a fait partir de suite des secours des casernes les plus voisines, Blanche et Château-d'eau, mais comme ces casernes n'ont pas de pompe à vapeur, celles de Rome et de Parmentier ont été envoyées en même temps.

Les départs de Blanche et du Château-d'eau arrivant les premiers à cause de la distance, n'hésitent pas, devant l'importance du feu, à mettre directement sur les conduites de la Ville toutes leurs lances en manoeuvre.

Il y a donc eu presque au même instant sur la canalisation 12 lances installées. Leur débit fit baisser de suite la pression, et comme la plupart de ces lances étaient établies au 6° étage, c'est à dire à 20 ou 25 m au-dessus du sol, l'eau s'écoulait sans pression et ne pouvait être projetée au loin.

Au début, on a donc constaté un manque de pression, défaut qui n'est imputable ni au Service des Eaux, ni au Service Incendie, mais à l'arrivée tardive des pompes à vapeur causées par leur éloignement du lieu du sinistre.

Si les casernes de Blanche et du Château-d'eau avaient été pourvues des voitures réglementaires, leurs pompes à vapeur seraient arrivées dès le début, en même temps que celle de Château-Landon. Elles auraient relevé la pression des conduites de la Ville, et l'eau aurait été projetée sur le foyer par toutes les lances mises en manoeuvre.

Il est donc à regretter une fois de plus que les casernes du centre de Paris ne soient pas encore munies de remises pouvant contenir les quatre voitures indispensables pour le bon fonctionnement du Service d'Incendie."

[Quand Krebs s'est mis enfin à parler, après le brouhaha des conversations inutiles, tout le monde s'est mis à l'écouter démontrer mathématiquement le problème qui était le sujet des discussions. Il a parlé environ 8 fois plus longtemps que les autres intervenants.]

Chacun émet un voeu, on les adopte à l'unanimité puis on se sépare.
 
 

 Bibliothèque Administrative de la Ville de Paris