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10/03/2000
SOMMAIRE
 

Jules Verne : Les voyages extraordinaires

Krebs et Renard

Quoi, un ballon !

La conquête de l’air

Transformer les moeurs civiles et politiques du vieux monde

Peut-être aurait-il mieux valu que la brise eût été plus forte

Majestueusement

Les manœuvres

Sous l’action de son gouvernail

La science future

La locomotion aérienne
 
 






























Cahiers de Krebs : Construction du ballon dirigeable
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le ballon dirigeable LA FRANCE : plans, croquis, photos
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le Devoir : Renard et Krebs devant le tribunal du Progrès
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Salomon Auguste ANDRÉE prend les conseils de Krebs et Renard 1895
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le public et les dirigeables : Little Nemo In Slumberland - 1910
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Les dirigeables - Encyclopédie ATLAS 1999

ROBUR LE CONQUÉRANT
Jules Verne (1886)
 
 

Jules Verne : Robur le conquérant 1886




[…] À cette époque, depuis les expériences entreprises dans le dernier quart de ce dix-neuvième siècle, la question des ballons dirigeables n’était pas sans avoir fait quelques progrès. […]

Il y avait donc là de quoi encourager les adeptes qui croyaient à l’utilisation des ballons dirigeables. Et cependant, combien de bons esprits se refusaient à admettre cette utilisation ! En effet, si l’aérostat rencontre un point d’appui sur l’air, il appartient à ce milieu dans lequel il plonge tout entier. En de telles conditions, comment sa masse, qui donne tant de prise aux courants de l’atmosphère, pourrait-elle tenir tête à des vents moyens, si puissant que fût son propulseur ? […]

Il était donc constant que, même après les expériences retentissantes des capitaines Krebs et Renard, si les aérostats dirigeables avaient gagné un peu de vitesse, c’était juste ce qu’il fallait pour se maintenir contre une simple brise. D’où l’impossibilité d’user pratiquement jusqu’alors de ce mode de locomotion aérienne. […]

Au moment où commence cette histoire, on pouvait déjà juger que le Weldon-Institute avait mené rondement les choses. Dans les chantiers Turner, à Philadelphie, s’allongeait un énorme aérostat, dont la solidité allait être éprouvée en y comprimant de l’air sous une forte pression. Celui-là entre tous méritait bien le nom de ballon-monstre. […]

Ce ballon n’était pas destiné à explorer les plus hautes couches de l’atmosphère, ne se nommait pas Excelsior, qualificatif qui est un peu trop en honneur chez les citoyens d’Amérique. Non ! Il se nommait simplement le Go a head, - ce qui veut dire " En avant, " - et il ne lui restait plus qu’à justifier son nom en obéissant à toutes les manœuvres de son capitaine. […]

" Citoyen des États-Unis d’Amérique, je me nomme Robur. Je suis digne de ce nom. J’ai quarante ans, bien que je paraisse n’en pas avoir trente, une constitution de fer, une santé à toute épreuve, une remarquable force musculaire, un estomac qui passerait pour excellent même dans le monde des autruches. Voilà pour le physique. " […] 

Quoi, un ballon !… quand pour obtenir un allégement d’un kilogramme, il faut un mètre cube de gaz ! Un ballon, qui a cette prétention de résister au vent à l’aide de son mécanisme, quand la poussée d’une grande brise sur la voile d’un vaisseau n’est pas inférieure à la force de quatre cents chevaux, quand on a vu dans l’accident du pont de la Tay l’ouragan exercer une pression de quatre cent quarante kilogrammes par mètre carré ! Un ballon, quand jamais la nature n’a construit sur ce système aucun être volant, qu’il soit muni d’ailes comme les oiseaux, ou de membranes comme certains poissons et certains mammifères… " […]

" Mais est-ce à dire que l’homme doive renoncer à la conquête de l’air, à transformer les mœurs civiles et politiques du vieux monde, en utilisant cet admirable milieu de locomotion ? Non pas ! Et, de même qu’il est devenu maître des mers, avec le bâtiment, par l’aviron, par la voile, par la roue ou par l’hélice, de même il deviendra maître de l’espace atmosphérique par les appareils plus lourds que l’air, car il faut être plus lourd que lui pour être plus fort que lui. " […]

" Oui reprit Robur. L’avenir est aux machines volantes. L’air est un point d’appui solide. Qu’on imprime à une colonne de ce fluide un mouvement ascensionnel de quarante-cinq mètres à la seconde, et un homme pourra se maintenir à sa partie supérieure, si les semelles de ses souliers mesurent en superficie un huitième de mètre carré seulement. Et, si la vitesse de la colonne est portée à quatre-vingt dix mètres, il pourra y marcher à pieds nus. Or, en faisant fuir, sous les branches d’une hélice, une masse d’air avec cette rapidité, on obtient le même résultat. " […]

" D’ailleurs, reprit Robur, avec vos ballons, si perfectionnés qu’ils soient, vous ne pourriez jamais obtenir une vitesse véritablement pratique. Vous mettriez dix ans à faire le tour du monde – ce qu’une machine volante pourra faire en huit jours ! " […] 

On allait donc enfin procéder à cette grande expérience que le Weldon-Institute préparait de si longue date et avec tant de soins. Le Go a head était le type le plus parfait de ce qui avait été inventé jusqu’à cette époque dans l’art aérostatique, - ce que sont un Inflexible ou un Formidable dans l’art naval.

Le Go a head possédait toutes les qualités que doit avoir un aérostat. Son volume lui permettait de s’élever aux dernières hauteurs qu’un ballon peut atteindre, - son imperméabilité, de pouvoir se maintenir indéfiniment dans l’atmosphère ; - sa solidité, de braver toute dilatation de gaz aussi bien que les violences de la pluie et du vent ; - sa capacité, de disposer d’une force ascensionnelle assez considérable pour enlever, avec tous ses accessoires, une machinerie électrique qui devait communiquer à ses propulseurs une puissance de propulsion supérieure à tout ce qui avait été obtenu jusqu’alors. Le Go a head avait une forme allongée qui faciliterait son déplacement suivant l’horizontale. Sa nacelle, plate-forme à peu près semblable à celle du ballon des capitaines Krebs et Renard, emportait tout l’outillage nécessaire aux aérostiers, instruments de physique, câbles, ancres, guides-ropes, etc., de plus, les appareils, piles et accumulateurs qui constituaient sa puissance mécanique. Cette nacelle était munie, à l’avant, d’une hélice, et, à l’arrière, d’une hélice et d’un gouvernail. Mais probablement le rendement des machines du Go a head devait être très inférieur au rendement des appareils de l’Albatros.

Le Go a head avait été transporté, après son gonflement, dans la clairière de Fairmont-Park, à la place même où s’était reposé l’aéronef pendant quelque heures.

Inutile de dire que sa puissance ascensionnelle lui était fournie par le plus léger de tous les corps gazeux. Le gaz d’éclairage ne possède qu’une force de sept cents grammes environ par mètres cube, - ce qui ne donne qu’une insuffisante rupture d’équilibre avec l’air ambiant. Mais l’hydrogène possède une force d’ascension qui peut être estimée à onze cents grammes. Cet hydrogène pur, préparé d’après les procédés et dans les appareils spéciaux du célèbre Henry Giffard, emplissait l’énorme ballon. Donc, puisque la capacité du Go a head mesurait quarante mille mètres cubes, la puissance ascensionnelle de son gaz était quarante mille multipliés par onze cents, soit de quarante-quatre mille kilogrammes.

Dans cette matinée du 29 avril, tout était prêt. Dès onze heures, l’énorme aérostat se balançait à quelques pieds du sol, prêt à s’élever au milieu des airs.

Temps admirable et fait exprès pour cette importante expérience. En somme, peut-être aurait-il mieux valu que la brise eût été plus forte, ce qui aurait rendu l’épreuve plus concluante. En effet, on n’a jamais mis en doute qu’un ballon pût être dirigé dans un air calme ; mais, au milieu d’une atmosphère en mouvement, c’est autre chose, et c’est dans ces conditions que les expériences doivent être tentées. […]

Le Go a head, maintenu par ses cordes de filet, s’éleva d’une quinzaine de mètres au-dessus de la clairière. De cette façon la plate-forme dominait cette foule si profondément émue. […]

" Lâchez tout " cria Uncle Prudent, qui lança la formule sacramentelle.

Et le Go a head s’éleva " majestueusement ", - adverbe consacré par l’usage dans les descriptions aérostatiques.

En vérité, c’était un spectacle superbe ! On eût dit d’un vaisseau qui vient de quitter son chantier de construction. Et n’était-ce pas un vaisseau, lancé sur la mer aérienne ?

Le Go a head monta suivant une rigoureuse verticale, - preuve du calme absolu de l’atmosphère, - et il s’arrêta à une altitude de deux cents cinquante mètres.

Là commencèrent les manœuvres en déplacement horizontal. Le Go a head, poussé par ses deux hélices, alla au-devant du soleil avec une vitesse d’une dizaine de mètres à la seconde. C’est la vitesse de la baleine franche au milieu des couches liquides. Et il ne messied pas de le comparer à cette géante des mers boréales, puisqu’il avait aussi la forme de cet énorme cétacé.

Une nouvelle salve de hurrahs monta vers les habiles aéronautes.

Puis sous l’action de son gouvernail, le Go a head se livra alors à toutes les évolutions circulaires, obliques, rectilignes, que lui imprimait la main du timonier. Il tourna dans un cercle restreint, il marcha en avant, en arrière, de façon à convaincre les plus réfractaires à la direction des ballons, - s’il y en avait eu !… S’il y en avait eu, on les aurait écharpés. […]

C’est l’Albatros, en effet ! C’est Robur qui reparaît dans les hauteurs du ciel ! C’est lui qui, semblable à un gigantesque oiseau de proie, va fondre sur le Go a head. […]

Bien plus petit que le Go a head, c’était l’espadon à la poursuite de la baleine qu’il perce de son dard, c’était le torpilleur courant sur le cuirassé qu’il va faire sauter d’un seul coup. […]

Et l’Albatros, battant l’air de ses soixante-quatorze hélices, emporté par ses deux propulseurs poussés à outrance, disparut vers l’est au milieu d’une tempête de hurrahs, qui cette fois, étaient admiratifs. […]

On le sait aujourd’hui. Robur c’est la science future, celle de demain peut-être. C’est la réserve certaine de l’avenir. […]

Quant à l’avenir de la locomotion aérienne, il appartient à l’aéronef, non à l’aérostat.

C’est aux Albatros qu’est définitivement réservée la conquête de l’air !
 

Texte intégral : http://jv.gilead.org.il/tauchmann/robur/
 

 
 

Gravures de L. BENETT
 
 
 
 

Gravures de L. BENETT
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le voyage en courant d'air, de Jean-Louis BESSON (1/2)
 
 

Le voyage en courant d'air, de Jean-Louis BESSON (2/2)
 
 
 
 
 
 

La voiture treuil Krebs : Manuel 1916
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Albums photo de Krebs : le dirigeable LA FRANCE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Gravures de L. BENETT
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Les communications à l'Académie des Sciences
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Merveilles de la Sciences : les vols de LA FRANCE 1889
 
 
 
 
 
 
 
 

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