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Histoire du vol humain
- Les avions
Malgré l'avance apparente du
concept d'hélicoptère, ce fut la filière des
avions qui conduisit au premier vol
humain sur des appareils plus lourds
que l'air. Le succès de cette
technique résulta de l'abandon du concept
des ailes battantes, imitant le vol
animal, pour celui des ailes fixes
assurant une portance aérodynamique
aux engins propulsés
horizontalement. Il est curieux de
constater que le mot aviation, du latin
avis (oiseau) et actio (action), apparut
- avec la fortune que l'on sait - au
moment précis où la technique
s'écartait définitivement de l'imitation du
vol des oiseaux (1863).
Les premiers décollages .
Le précurseur de la nouvelle
approche est un Français très peu connu,
Félix Du Temple , qui construit
de façon totalement empirique, en 1857,
un modèle réduit motorisé
à hélices , qui décolle par ses propres
moyens après avoir roulé.
Le Français Louis Mouillard décrit pour la
première fois, en 1881, l'effet
aérodynamique de portance résultant de la
translation des ailes gauchies (dépression
au-dessus de l'extrados,
surpression au-dessous de l'intrados)
; il entreprend, sans l'achever, un
ouvrage intitulé Le Vol sans
battements , le communique à Octave
Chanute qui devint, près de
vingt ans après, le conseiller des frères
Wright . C'est le 9 octobre 1890 qu'a
lieu à Gretz (Seine-et-Marne) le
premier décollage d'un appareil
piloté plus lourd que l'air, l'Éole de
Clément Ader , actionné
par une machine à vapeur (bond de 50 m à
quelques centimètres de hauteur).
Ader construisit plusieurs appareils
successifs d'abord baptisés
Éole puis Avion ; le mot " avion " est ensuite
passé dans la langue courante
pour désigner, génériquement, tous les
appareils volants à ailes fixes,
que l'on appela d'abord aéroplanes . Un
deuxième vol de 100 m eut lieu
à Satory, en 1891. Les appareils d'Ader
étaient dépourvus de
moyens de contrôle de la stabilité latérale et l'Éole
fut accidenté à l'atterrissage
. En 1896, l'Américain Samuel Langley
accomplit un vol de 1 400 m sur un
appareil à vapeur. En 1897, Clément
Ader effectue un vol de 300 m sur piste
circulaire, à Satory, devant deux
officiers généraux. L'appareil,
déporté, est partiellement renversé par un
coup de vent, retombe en dehors de
la piste et se détériore.
Curieusement, aucun des vols d'Ader
ne fit l'objet du moindre compte
rendu officiel ; la plupart des historiens
anglo-saxons les considèrent, de
ce fait, comme mythiques.
De 1900 à 1914.
Il fallut attendre 1903 pour que les
frères Orville et Wilbur Wright ,
américains, effectuent à
Ketty Hawk (Caroline du Nord), quatre vols
successifs sur le Flyer I (36,6 m ;
59,4 m ; 66 et 284 m). L'appareil était
mû pour la première fois
par un moteur à explosion et comportait des
ailerons. En France est créé,
en 1904, le prix Archdeacon de 3 000
francs-or pour le premier vol piloté
homologué de plus de 25 m, réalisé
avec un appareil plus lourd que l'air
; la création de ce prix contribua à
discréditer l'exploit de Clément
Ader, qui avait pourtant décollé de 50 m
lors de son premier essai, quatorze
ans plus tôt. C'est le Brésilien Albert
Santos-Dumont qui remporta ce prix,
en 1906, en parcourant 60 m à
Bagatelle. La même année,
il réussit, sur le même site, un vol de 220 m
à 5 m de hauteur moyenne, remportant
ainsi le prix de 1 500 francs-or qui
venait d'être créé
par le très récent Aéroclub de France , pour le premier
vol homologué de plus de 100
m. Henry Deutsch de la Meurthe et Ernest
Archdeacon créent alors un nouveau
prix de 5 000 francs-or pour le
premier vol homologué d'au moins
1 000 m. Il est remporté par Henry
Farman , Britannique né et vivant
à Paris, en 1908. De son côté Léon
Delagrange effectue le premier vol
avec passager (Henry Farman) puis le
premier vol avec une femme passager,
Thérèse Peltier qui devint, peu
après, la première femme
pilote de l'Histoire. Le premier accident mortel
de l'aviation eut également
lieu en 1908 aux États-Unis (le passager d'un
avion piloté par Orville Wright).
Quant à Wilbur Wright, il dépasse, pour la
première fois, 100 km.
Les progrès sont alors rapides,
jalonnés dès 1909 par la première
traversée de la Manche, réalisée
par l'ingénieur français Louis Blériot , le
premier meeting aérien international
à Reims, l'institution du brevet de
pilote, la création de la première
compagnie française ayant comme
objectif d'organiser des transports
aériens, la Compagnie générale
transaérienne (CGT). En 1910,
la Française Raymonde de Laroche est la
première femme à obtenir
le brevet de pilote, Léon Morane atteint 106,5
km/h, un avion décolle d'un
croiseur américain, et le Français Georges
Legagneux exécute un circuit
fermé de plus de 500 km, tandis que Henri
Fabre décolle le premier hydravion
. En 1911, l'armée américaine
expérimente un avion bombardier,
l'armée italienne élabore un avion de
reconnaissance ; on expérimente
le premier avion amphibie et le premier
bimoteur ; le Français Pierre
Trier effectue la première liaison directe
Londres-Paris. En 1913, le Russe Igor
Sikorsky se lance dans la
construction aéronautique et
essaie le premier quadrimoteur, le Français
Roland Garros traverse la Méditerranée
(Saint-Raphaël-Bizerte) et
Maurice Prévost dépasse
200 km/h à Reims. En 1914, la première ligne
régulière de transport
de passagers est ouverte en Floride, et l'Américain
Laurens Sperry commence à diffuser
le pilote automatique inventé par
son père Elmer, deux ans plus
tôt.
L'entre-deux-guerres.
La Première Guerre mondiale est
à l'origine d'une nouvelle accélération
des progrès. Citons, à
titre d'exemple, le premier avion entièrement
métallique construit par l'Allemand
Hugo Junker et l'invention du
turbocompresseur par le Français
Auguste Rateau , pour " gonfler " les
moteurs à pistons existants.
L'immédiat après-guerre bénéficie de tous
les progrès des constructeurs
d'avions et de formation des pilotes :
création de la première
ligne régulière internationale Paris-Londres, de
diverses compagnies de transport aérien
(comme la Compagnie
générale d'entreprise
aéronautique, par Pierre Latécoère ), des lignes de
transport international de courrier
(Toulouse-Rabat par Didier Daurat ).
C'est la fusion ultérieure de
ces deux filières indépendantes qui fut à la
base de la très célèbre
compagnie Aéropostale . En 1922, est inauguré
au Bourget le premier aéroport
du monde, qui consacre l'émergence des
transports aériens réguliers
de passagers. Les premiers vols avec
passagers entre la France et l'Afrique
commencent en 1923. En 1927,
les Français Charles Nungesser
et François Coli disparaissent au cours
d'une tentative de raid sans escale,
entre Paris et New York ; mais
l'Américain Charles Lindbergh
réussit la traversée inverse, plus facile en
raison des vents dominants, entre l'île
de Long Island et Le Bourget ; les
Français Dieudonné Coste
et Joseph Le Brix , au cours d'un tour du
monde, réussissent la traversée
de l'Atlantique Sud entre Saint-Louis du
Sénégal et Natal (Brésil).
En 1928, l'Aéropostale ouvre une ligne
régulière vers le Brésil
et l'Argentine et la prolonge, en 1929, jusqu'au
Chili. En 1930, les Français
Dieudonné Coste et Maurice Bellonte
assurent le premier vol sans escale
Paris-New York. Les exploits
inauguraux se banalisent à partir
de ce moment. Le véritable tournant
suivant est la naissance des lignes
commerciales à passagers. En
1933, les firmes américaines
Boeing et Douglas construisent les
premiers avions spécifiquement
conçus pour ce type de transport. Les
grandes compagnies européennes
se forment, telles qu'Air France et
Swiss Air . En 1939, Boeing sort un
quadrimoteur de série destiné aux
passagers, le 307 Stratoliner, qui
met en évidence la nécessité de
pressuriser les cabines pour en tirer
toutes les potentialités. Cette
technique sera appliquée en
série, sur le 307B, en 1940.
Une période de croissance accélérée.
Comme avant 1914, la perspective puis
le déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale accélèrent
les progrès : les Allemands réalisent, en
1939, un prototype d'avion à
réaction, le Heinkel 178, qui restera sans
descendant direct, mais réussissent
à mettre au point, en 1944, un
chasseur opérationnel à
deux réacteurs, le Messerschmitt 262 A-1, qui
arrivera trop tard pour influer sur
le cours de la guerre finissante.
L'immédiat après-guerre
voit un véritable foisonnement technique :
avions de chasse à réaction,
nouveaux quadrimoteurs à passagers tels
que le Lockheed Constellation et le
Douglas DC 6, inauguration des
premières lignes transatlantiques
régulières, d'abord avec escale puis,
très rapidement, sans escale,
franchissement du mur du son par le
prototype américain Bell X 1,
essai d'un statoréacteur, qui sera le
propulseur des futurs avions hypersoniques,
par l'ingénieur français
René Leduc (lancement d'un petit
avion à statoréaction par un gros avion
porteur), naissance du premier avion
à passagers propulsé par réaction,
le Comet I du constructeur britannique
De Havilland , très vite interdit de
vol après quatre accidents inexpliqués
(on découvrit plus tard qu'il
s'agissait de rupture, à la
fatigue, des carlingues pressurisées).
L'industrie aéronautique française,
handicapée par l'occupation
allemande, se redéploie alors
avec vigueur dans les domaines militaires
(Mystère supersonique de Marcel
Dassault ) et civil (biréacteur Caravelle,
très original, de la Société
nationale de construction aéronautique du
Sud-Est). Les premiers avions transatlantiques
à réaction apparurent en
1958 (Comet IV de la compagnie britannique
BOAC ), suivis en 1960 par
le quadriréacteur Boeing 707
. L'avion franco-britannique Concorde ,
premier avion supersonique à
passagers (resté le seul appareil de ce
type en service dans le monde, après
l'échec du sosie soviétique, le
Tupolev 144) fut testé en vol
transatlantique en 1975 et mis en service
régulier en 1976.
Voir aussi : http://www.webencyclo.com/
les ballons,
les avions,
les hydravions,
les hélicoptères
l'avenir.
(c) Editions Atlas
1999
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