Un jour, on s'entretenait de la direction
des ballons, et Fergusson fut sollicité de donner son avis à
cet égard.
- Je ne crois pas, dit-il, que l'on puisse parvenir à diriger les ballons. Je connais tous les sytèmes essayés ou proposés; pas un n'a réussi, pas un n'est praticable. Vous comprenez bien que j'ai dû me préoccuper de cette question qui devait avoir un si grand intérêt pour moi ; mais je n'ai pu la résoudre avec les moyens fournis par les connaissances actuelles de la mécanique. Il faudrait découvrir un moteur d'une puissance extraordianire, et d'une légèreté impossible ! Et encore, on ne pourra résister à des courants de quelque importance ! Jusqu'ici d'ailleurs, on s'est plutôt occupé de diriger la nacelle que le ballon. C'est une faute. - Il y a cependant, répliquera-t-on, de grands rapports entre un aérostat et un navire, que l'on dirige à volonté. - Mais non, répondit le docteur Fergusson, il y en a peu ou point. L'air est infiniment moins dense que l'eau, dans laquelle le navire n'est submergé qu'à moitié, tandis que l'aérostat plonge tout entier dans l'atmosphère, et reste immobile par rapport au fluide environnant. - Vous pensez alors que la science aérostatique a dit son dernier mot ? - Non pas ! non pas ! Il faut chercher
autre chose, et, si l'on ne peut diriger un ballon, le maintenir au moins
dans les courants atmosphériques favorables. À mesure que
l'on s'élève, ceux-ci deviennent beaucoup plus uniformes,
et sont constants dans leur direction ; ils ne sont plus troublés
par les vallées et les montagnes qui sillonnent la surface du globe,
et là, vous le savez, est la principale cause des changements du
vent et de l'inégalité de son souffle. Or, une fois ces zones
déterminées, le ballon n'aura qu'à se placer dans
les courants qui lui conviendront. [...]
Chapitre XVII [...] - Non pas, s'il plait à Dieu
; j'espère trouver un vent favorable qui me mènera à
l'équateur ; j'attendrai même, s'il le faut, et je ferai du
Victoria comme d'un navire qui jette l'ancre par les vents contraires.
[A Parte] - D'ailleurs, dit Kennedy, cela sera peut-être
une fort ennuyeuse époque que celle où l'industrie absorbera
tout à son profit ! À force d'inventer des machines, les
hommes se feront dévorer par elles ! Je me suis toujours figuré
que le dernier jour du monde sera celui où quelque immense chaudière
chauffée à trois milliard d'atmosphères fera sauter
notre globe !
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