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Page 21 - Le char Saint-Chamond
Tout comme son rival, le Saint-Chamond est monté
sur une base de tracteur à chenilles (Holt). Sa longueur est de
7,91 mètres (8,83 m avec le canon qui émerge de l’avant).
Sa largeur est de 2,67 mètres et sa hauteur varie de 2,35 à
2,365 mètres suivant le type de plafond.
Il est monté sur deux chenilles équipées
de patins d'une largeur de 326 mm qui s'est avérée insuffisante
et passe rapidement à 412 puis 500 mm, afin de mieux supporter les
24 tonnes de l'engin. Son blindage est de 11 mm à l'avant, 8 mm
à l'arrère, 8,5 mm sur les côtés (puis doublé
avec l'apparition de la balle perforante) et de 5 mm sur le toit.
Équipé d'un moteur Panhard sans-soupapes
à quatre cylindres développant 85 chevaux à 1350 tours
et 90 à 1450, il est doté d'un double carburateur qui s'active
en pleine puissance, alimenté par trois réservoirs d'essence
placés sur les carters des chenilles. Ils sont protégés
par un carter en tôle formant une cuvette qui communique avec l'extérieur
afin qu'en cas de fuites, l'essence soit évacuée et ne coule
pas à l'intérieur du char. La quantité d'essence embarquée
(250 litres) permet une autonomie de 6 à 8 heures.
Une dynamo directement reliée au moteur développe
une puissance de 52 kw. Cette énergie alimente un moteur électrique
relié à chaque engrenage d'entraînement (barbotin).
Ce mode de fonctionnement "thermique et électrique" lui permet de
rouler à 1,5 km/h à 200 volts, 4 km/h sous 400 volts (1450
tours/minute, vitesse conseillée) et un maximum de 8 km/h pour 2000
tours.
Le conducteur dispose de plusieurs manettes pour faire
évoluer son appareil. Tout d'abord une manivelle de mise en marche
(avec une batterie de 25 volts alimentant la dynamo), deux pédales
et un frein à main. Une manette des gaz, une pédale d'accélérateur
et un levier de commande électrique à trois positions (marche
avant, arrière et point mort) permettent une alimentation différente
des moteurs électriques en fonction de la direction que l'on souhaite
prendre. Ce dispositif autorise toutes sortes de virages, y compris tourner
sur place.
Un autre dispositif électrique alimente un volant
situé à droite du conducteur. Il permet le passage des cinq
positions en marche progressive.
Comme le Schneider, le Saint-Chamond ne peut dépasser
sur le champ de bataille les 4 km/h. Par contre, il est capable de gravir
des pentes à 80%.
L'équipage de neuf hommes comprend un officier
chef de char, un sous-officier chef de pièce, deux canonniers, quatre
mitrailleurs et un mécanicien.
Mieux équipé que le Schneider, le Saint-Chamond
possède quatre mitrailleuses Hotchkiss modèle 1914 approvisionnées
à 7.488 cartouches, soit 78 bandes de chargeurs. Enfin, les deux
canonniers oeuvrent au bon fonctionnement du canon de 75 et de son magasin
de 106 obus explosifs.
Mis à l'épreuve au camp de Champlieu et
dans les combats de 1917, le Saint-Chamond s'avère également
un mauvais rouleur en terrain bouleversé. Ses déraillements
et la casse des trains de roulement sont fréquents. Aussi, il ne
parvient que trop rarement à franchir les tranchées de plus
de 1,80 mètres.
Bien qu'un peu compliqué à piloter avec
toutes ses commandes, il se distingue en terrain peu tourmenté par
sa facilité à gravir les pentes, la puissance, la souplesse
de ses moteurs et sa facilité à manoeuvrer sur place.
Par rapport au Schneider, l'intérieur est plus
confortable pour l'équipage. Il est plus spacieux, électrifié
et la visibilité extérieure, relativement bonne, est appréciée
des servants.
Condamné comme instrument de combat en guerre de
position, il trouve ses marques dans les contre-offensives de la guerre
de mouvements.
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Page 100 - L'opération du 9 juillet 1918
[...] Chèdeville ajoute : "Il faut attaquer
au petit jour et renvoyer les chars vers l'arrière une heure après
le début de l'opération, aveugler les observatoires ayant
des vues directes sur le terrain d'attaque par l'utilisation de fumigènes,
neutraliser l'artillerie ennemie, accompagner les chars et l'infanterie
par un barrage roulant [de l'artillerie], avoir une protection aérienne
et un entraînement spécifique pour les troupes devant accompagner
les chars." [...]
Page 103 - L'exécution de l'attaque
À 3h20 du matin, l'obscurité est à son comble,
la météo est défavorable et le ciel est couvert au
point d'empêcher l'apparition des premiers rayons du soleil.
Les chars vont donc devoir se diriger avec l'aide des combattants qui
ont suivi une formation spécifique d'attaque en collaboration avec
les blindés.
Devant Gournay-sur-Aronde, le 404° RI s'enfonce rapidement dans
les lignes adverses. Quelques chars sont retardés par l'obscurité
mais finissent par rejoindre l'infanterie à temps. D'autres tombent
en panne, c'est le cas de celui de l'adjudant Chevalier (char n° 61287)
qui reste dans un trou d'obus.
Néanmoins la surprise chez l'ennemi est totale sur le front du
404° RI qui, à l'aide des lance-flammes, nettoie le terrain
devant la ferme Porte. Le char n°61285 du maréchal des logis
Caron atteint le chemin creux, le longe en direction de Saint-Maur et réduit
au silence l'ennemi. Il en est de même pour la 2° batterie du
lieutenant Pichat (AS 17) et ses quatre appareils qui atteignent leurs
objectifs et soutiennent l'infanterie dans sa progession.
En à peine trois quarts d'heure, le 404° RI et l'AS 17 ont
rempli leur mission. À 4h20, les sept chars en état de marche
se replient et sont regroupés à Éparmont.
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Page 108 - Les chars légers dans les opération
du mois d'août 1918
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